Le chemin de fer de l’Irati doit son nom à la société chargée de son exploitation, la Sociedad El Irati. Cette société n'avait pas de vocation ferroviaire à l'origine : son activité principale était l'exploitation des forêts des montagnes pyrénéennes de Navarre, notamment la célèbre forêt d'Irati. Parallèlement, dans les environs d'Aoiz, elle aménagea une chute d'eau pour y produire de l'électricité  afin d’alimenter sa propre scierie. Elle vendait le surplus aux villages voisins et même jusqu'à Pampelune. Puis, cette entreprise décida de construire un chemin de fer pour transporter le bois d'Aoiz à Pampelune et, tant qu’à faire, d'autres marchandises et des passagers. 

Ce petit train à voie métrique fut inauguré en 1911, avec un permis de tramway. Cela lui permettait de réaliser des économies considérables : il pouvait circuler dans les rues de Pampelune comme un tramway urbain et, dans les zones rurales, circuler tantôt sur les rails des tronçons de voie aménagés par ses soins et tantôt sur les rails posés sur la chaussée routière, notamment sur tous les ponts de route qui enjambaient les rivières, nombreuses dans la région.

La ligne desservait Aoiz, où se trouvait la scierie, mais il s’agissait d’un petit embranchement, long de trois kilomètres. La ligne principale continuait sur 26 km à partir de la jonction d'Aoiz vers Lumbier et Sangüesa, traversant la Foz de Lumbier dans le dernier tronçon. Au total, 59 km de voie métrique furent posés, devenant ainsi la première ligne à voie étroite électrifiée en Espagne, sous une tension similaire à celle du TGV moderne (5000 V CA), mais qui, dans la section urbaine de Pampelune, a été réduite à 750 V CC. Ceci dit, sa vitesse n'avait rien à voir avec celle atteinte par son successeur moderne et, suite à la baisse du trafic dans les années cinquante causée par l'essor du transport routier, cette ligne fut fermée en avril 1955.