L’Eo est un fleuve galicien qui, sur son tronçon final, fait office de limite avec les Asturies, pénétrant brièvement dans cette communauté. Ce fleuve cantabrique à fort débit tailla une longue vallée dont on profita séculairement pour faire communiquer les terres de l’intérieur avec le port de Ribadeo, jadis prospère. L’un des compagnons de voyage du fleuve sur son dernier tronçon fut un modeste chemin de fer minier: le chemin de fer Vilaoudriz-Ribadeo.

Voyageurs, préparez-vous car vos sens vont se réveiller pendant ce parcours, les couleurs des forêts riveraines vous envelopperont et l’odeur des eucalyptus vous enivrera. Vous verrez des castros, des dolmens préhistoriques et l’archéologie minière industrielle du début du XXe siècle, de même que des fours de calcination en fer et des trémies de chargement de minerais. En outre, des infrastructures grandioses telles que le merveilleux viaduc de los Santos ou bien encore les six tunnels éclairés qui vous donneront une idée de comment était cet ancien chemin de fer. Et une motivation de plus: la gare récupérée de A Pontenova!

L’itinéraire proposé suit le tracé du chemin de fer sur le tronçon de 12 km situé entre la ville galicienne de A Pontenova et la ville asturienne de San Tirso de Abres. Le reste du tracé, de San Tirso à Ribadeo, présente de nombreuses interruptions qui rendent son parcours une entreprise ardue, voire impossible sur certains tronçons. Heureusement, il se peut que d’ici peu, le tronçon San Tirso-Ribadeo soit récupéré comme voie verte, de même que le reste de l’ancien chemin de fer jusqu’à son terminus original à Vilaoudriz (A Pontenova). Cependant, en attendant que cela se produise, on peut poursuivre l’itinéraire en empruntant un délicieux sentier fluvial d’environ 3 km, allant de San Tirso à Coto La Pena. Pour l’instant, nous nous en tiendrons au tronçon que l’on peut actuellement parcourir.

Ainsi, nous commençons tranquillement l’itinéraire.

De Ribadeo à San Tirso mais où est la voie?

Pour les plus aventureux, la référence de l’origine de la voie, à Ribadeo, se trouve à côté du viaduc de los Santos, un ouvrage d’ingénierie spectaculaire qui contourne la ria de l’Eo sur son tronçon final. Près de ce pont, se situent les culées de l’ancien quai de chargement du chemin de fer. Celui-ci a été restauré et a repris son ancienne physionomie et fait désormais partie d’un nouveau parc. À partir de là, le tracé se perd, pour réapparaître brièvement sur différents tronçons jusqu’à parvenir à l’ancienne gare de FEVE (ou Ferrocarril Español de Vía Estrecha intégrée dans RENFE) de Vegadeo.

Dans cette gare, les voies de l’ancienne FEVE et celles du chemin de fer minier se séparent définitivement. Celui qui nous occupe se dirige vers le sud, bien que le tracé s’interrompe dû à l’amélioration de la route N 640, circonstance qui se poursuit jusqu’au hameau de Rabexa. De là, s’ouvre un tronçon court et sinueux de 8 km qui borde les rives de l’Eo. Cependant, ce tronçon, utilisé comme piste forestière, présente quelques petites interruptions.

San Tirso: voie libre vers l’Eo

Pour cela, le tronçon à parcourir le plus conseillé commence dans l’ancienne gare de San Tirso de Abres, située dans la partie haute de la ville de El Llano. Cette gare se trouve en parfait état et elle est actuellement utilisée comme logement. De là, on suit un chemin sinueux, plongé dans une dense forêt et traversant, peu après, le premier tunnel du parcours, une longue galerie éclairée.

Si vous désirez passer la nuit vous pouvez le faire dans le camping situé dans la ville de San Tirso de Abres et profiter de la vaste offre d’activités qu’il propose. Des loisirs pour les plus petits et pour les adultes également !

De retour à l’itinéraire, vers le km 1, le tracé traverse au niveau de la route N 640. Ensuite, la voie continue jusqu’au point où un spectaculaire pont métallique enjambait l’Eo, à la hauteur du km 4. L’absence de ce pont, démoli suite à la fermeture du chemin de fer, était un obstacle infranchissable jusqu’à très récemment. Néanmoins, la Mairie de San Tirso a construit une nouvelle passerelle piétonnière en ce lieu. Grâce à sa conception, le nouveau pont évoque d’une certaine façon l’ancien mécano métallique sur lequel les trains enjambaient le détroit au fond duquel le fleuve Eo coule. Suivant cette élégante passerelle nous nous situerons, jusqu’à la fin de l’itinéraire, sur la rive droite du fleuve.

Des tunnels de O Cairo à A Pontenova

De là, le tracé suit un tronçon sur lequel les obscurités caverneuses des tunnels sont les protagonistes. Jusqu’à cinq se succèdent dans un paysage très escarpé, où le chemin de fer fut obligé de se cacher sous la terre face au manque matériel d’espace. Une fois dépassés les tunnels (tous éclairés), nous traverserons la route locale des hameaux de Trasdacorda et Matela appartenant déjà au conseil de Lugo, de A Pontenova. De là, l’itinéraire est goudronné jusqu’à la fin.

Dans les tunnels, nous passerons sous les maisons du hameau de Pradas, dans le site de O Cairo. Une fois dépassés ces tunnels (km 9), le paysage devient plus doux et serein.

La vallée s’élargit et la plateforme gagne spectaculairement en qualité de traversée. Le chemin est partagé avec des pêcheurs qui utilisent l’ancienne voie pour lancer leurs cannes en quête d’un saumon ou d’un autre. De cette façon, nous passerons près des habitants locaux des hameaux de Saldoiriña et Herbelle.

Notre vallée s’humanise rapidement, annonçant la prochaine et dernière arrivée, km 12, au centre-ville de A Pontenova qui appartenait jadis à Vilaoudriz. De spectaculaires fours, réalisés en maçonnerie et parfaitement conservés, représentent un important patrimoine industriel, converti actuellement en un référent touristique pour la randonnée, les activités d’aventure et l’exploration de l’histoire minière locale. Ah, et n'oubliez pas de visiter l’ancienne gare ferroviaire de A Pontenova, désormais restaurée en office de tourisme municipal. 

Arrivés à ce point, on comprend et perçoit que la Voie Verte de l’Eo est beaucoup plus qu’un simple itinéraire : c’est un voyage au cœur de l’histoire industrielle et minière de la Galicie et des Asturies, où chaque pas vous relie aux forêts, aux fleuves et à la mémoire d’un chemin de fer qui aujourd’hui renaît sous la forme d’un itinéraire durable, tranquille et accessible.