Le chemin de fer de l’Orconera fut l’une des diverses lignes de trains miniers qui reliaient la riche (dans un sens ferrique) rive gauche de l’estuaire du Nervión aux quais fluviaux installés sur ses berges. Au milieu du XIXe siècle, la métallurgie du fer explosa grâce à l’invention du système Bessemer pour produire de l’acier. Et le meilleur fer pour cet alliage métallique se trouvait justement dans cette région. Cette circonstance remplit les versants des monts de Triano de trous pour voler le minerai et de chemins de fer pour le descendre au port et l’embarquer vers des marchés étrangers. En 1872, des financiers britanniques, allemands et basques créèrent la société The Orconera Iron Ore Co. Ltd., avec plusieurs mines à Somorrostro : Orconera, Concha, Magdalena, Carmen, Previsión et César.

Cinq ans plus tard, en 1877, avec une guerre carliste en plein milieu qui retarda les travaux, les trains miniers commencèrent à rouler depuis les quais de Lutxana jusqu’aux diverses mines, auxquelles ils arrivaient par différents tronçons, complétant ainsi jusqu’à 60 km de rails à écartement métrique. Des lignes caractérisées par de fortes pentes, bénéficiant une exploitation des trains qui descendaient chargés de la mine au port puis remontaient vers la montagne vides et bien légers. Cependant, les pentes étaient telles que l’on compta jusqu’à 21 plans inclinés qui reliaient divers tronçons de la montagne à leurs entrées de mine respectives.

L’entreprise fut une bonne affaire lors de ses premières décennies car cet efficace système ferroviaire évacua par bateau des millions de tonnes de fer pour des fonderies au Royaume-Uni. Il disposa même de tronçons à voie double pour maximiser les circulations.

La perte de la productivité des mines à partir de la seconde décennie du siècle passé, jointe à l’essor d’autres réserves minières africaines, firent que le train perdit de la vitalité. En 1948, mines et chemin de fer furent acquis par Altos Hornos de Vizcaya, qui maintint le service pour sa propre fonderie jusqu’en 1970, année où la société ferma le chemin de fer. Une ligne pure de trains miniers, avec un symbolique service de voyageurs pour le transport des propres mineurs.