Voie verte du Train des 40 jours
Histoire du chemin de fer
À Orusco, notre itinéraire prend une bifurcation vers le sud, empruntant le tracé du chemin de fer surnommé le « Chemin de fer des 40 jours » (mais c’est selon, car d’autres l’appellent le « Chemin de fer des Cent jours »). La raison de ces noms tient au fait que cette ligne de chemin de fer connut une vie éphémère mais très intense : la période de la Guerre civile espagnole. Le gouvernement républicain fit construire à toute vitesse cette voie ferrée, après la bataille de Jarama qui avait provoqué la coupure de la ligne ferroviaire qui reliait Madrid à Alicante. L’étau des troupes franquistes autour de la capitale obligea le gouvernement républicain à construire une nouvelle liaison ferroviaire entre Madrid et Valence.
La ligne ferroviaire partait de Torrejón de Ardoz. De là, la nouvelle ligne réutilisait un tronçon de chemin de fer à voie étroite, un embranchement à voie métrique qui avait été construit pour desservir le complexe sucrier de La Poveda. De cet embranchement (élargi à l'écartement du réseau ibérique) 14 km furent réaménagés, jusqu'à Mejorada del Campo. À partir de cette bourgade, une nouvelle voie fut mise en chantier pour aboutir à la gare de Tarancón, soit 91 km environ. À mi-chemin, à Orusco de Tajuña, la ligne était connectée au chemin de fer de Tajuña.
Depuis Tarancón et pour pouvoir se connecter aux lignes menant à la Méditerranée et à l’Andalousie, la nouvelle voie emprunta un tronçon du chemin de fer qui reliait Aranjuez à Cuenca, jusqu'à la gare de Santa Cruz de la Zarza, un village situé dans la province de Tolède. Depuis cette gare de Tolède, un autre embranchement fut construit jusqu'à Villacañas, d’où l’on pouvait rejoindre la ligne Madrid-Alicante. Ce chemin de fer, également appelé Vía Negrín en mémoire de l'homme politique républicain qui lança le projet, cessa d’être utilisé après la fin de la Guerre civile.
En 1940, une fois le conflit terminé, le tronçon Mejorada del Campo-Tarancón, qui n’avait plus sa raison d’être, fut démantelé et ses matériaux réutilisés pour restaurer d'autres lignes ferroviaires gravement endommagées par la guerre. De toutes façons c’était pour ainsi dire un juste retour des choses, étant donné que cette voie fut construite à la hâte, à l’aide de rails prélevés d’autres gares, de voies de garage et d’embranchements, l'industrie sidérurgique étant incapable dans cette situation de guerre de fournir tous ces rails.
Par contre, le tronçon Villacañas-Santa Cruz de la Zarza fut récupéré en 1954 pour le transport de passagers et de céréales, de vin et d'huile entre les villages de la région.
Cependant, comme d'autres lignes ferroviaires secondaires, sa rentabilité était médiocre et elle cessa d'être exploitée en novembre 1965, avant d'être démantelée quelques années plus tard.